Surfer sur les Alizés de la Chance

J’ai passé tout près d’une décennie de blood bowl à observer ce qui fait qu’un coach est plus chanceux qu’un autre. De ce que j’ai vu, il n’est pas encore né l’Élu qui va remporter tous ses matchs par quatre touchés contre zéro juste en étant chanceux. Pour autant que la chance pure est concernée, un coach est autant à même de nettoyer son adversaire à sec que d’être lui-même javellisé.

Alors, qu’est-ce que la chance à blood bowl ? La vaste majorité des coachs définissent la chance comme un succès apparemment causé par la bonne fortune. Apparemment est un mot clef ici car nous voyons rarement tous les leviers utilisés pour générer cette chance. Personnellement, au fil de milliers de matchs, j’ai réalisé que la chance se manifeste rarement en un éclair isolé et dramatique et qu’elle est beaucoup plus similaire à un alizé soufflant régulièrement. Parfois le vent est faible, parfois il est furieux, et parfois la direction de son souffle est inattendue.

Donc, comment surfer sur les Alizés de la Chance ? C’est facile, mais ce n’est pas évident.

La sacrosainte zone de confort

La première chose que vous voulez faire est de changer votre attitude de coaching et prendre de petits risques en-dehors de votre zone de confort. À l’époque, quand nous étions débutants, nous le faisions tout le temps afin d’apprendre le jeu. Nous devions transiter d’un coach qui n’avait jamais marqué un touché à un coach au rendement plus régulier. Et cet apprentissage exigeait que nous prenions des risques en-dehors de notre zone de confort. Le problème est qu’à mesure que nous devenons lentement et minutieusement de meilleurs coachs, nous le faisons de moins en moins. Nous verrouillons en quelque sorte notre style de jeu et devenons de plus en plus allergiques à l’idée de pousser davantage.

Maintenant, je passe beaucoup de temps à encourager de très bons coachs à sortir de leur zone de confort et à prendre des risques. « Allez, mon vieux. Pousse ! Non, mais, pousse ! Roule tes p*tains de dés ! ». C’est toujours rigolo de voir tous les risques que sont prêts à prendre les coachs lorsqu’ils sont sous la pression de leur tuteur. Mais, lorsqu’on prend le temps d’observer et de réfléchir, il est évident que ce problème n’est pas binaire car il existe de nombreux types de risques – notamment stratégiques, tactiques, émotionnels, sociaux et éthiques. Et lorsque les coachs discutent entre eux et comparent leur tolérance aux risques, ils réalisent que chacun est très différent.

Je les encourage donc à pousser et à prendre des risques en-dehors de leur zone de confort. Je le fais moi-même tout le temps. Tout a commencé il y a quelques années alors que je jouais face à un coach pas vraiment exceptionnel et, normalement, je me serais contenté d’une victoire routinière. Mais j’ai plutôt décidé de prendre un risque en abordant le jeu d’une manière inhabituelle et il en a découlé un match fascinant où j’ai beaucoup appris sur mon avenir en tant que coach de blood bowl. Plus tard dans la partie, j’ai poussé encore plus loin et mes dés furent très polis. Ils me dirent : « Tu sais quoi, Taureau, tout ça n’est pas bon pour toi, mais merci quand même d’avoir poussé. » C’est O.K. Pousser davantage n’a pas fonctionné. La partie s’est terminée sur un agréable match nul.

Mais ça a allumé quelque chose en moi et je me suis mis à investir de l’intelligence afin de me réinventer en tant que coach de blood bowl. Depuis, beaucoup me disent : « Ah mais oui, c’est facile quand on est chanceux comme toi ! » Mais bien sûr que je suis chanceux ! Mais cette chance résulte d’une série de risques que j’ai pris il y a quelques années, en commençant par sortir de ma zone de confort. Et n’importe quel coach peut le faire, peu importe où il en est dans son développement – même s’il pense qu’il est le coach le plus malchanceux de la planète, il peut le faire en se permettant de petits risques en-dehors de sa zone de confort.

« La chance est prévisible. Si vous voulez être chanceux, il vous faut risquer davantage. »

Votre relation avec vos dés

La deuxième chose que vous voulez améliorer est votre relation avec vos dés. De toute évidente, tout coach suffisamment rationnel a compris que chaque dé roulé impacte le résultat de ses matchs. Par conséquent, il est logique de chercher à se protéger de cette vérité immuable en adoptant un style de jeu conservateur. Mais si une bonne dose de pessimisme (ou de réalisme, comme j’aime l’appeler) peut vous aider à coacher comme un champion, ça n’est pas suffisant pour atteindre le niveau légendaire. Les coachs légendaires ont tous transcendé l’attitude empreinte de négativisme propre aux champions. Bien que les légendaires ne planifient pas être chanceux, ils reconnaissent avec plaisir quand ils l’ont été.

« Pour être chanceux, il faut d’abord voir qu’on est chanceux. »

Vous voyez, c’est bien ancré dans le rationnel. À Blood Bowl, il est vital de reconnaître lorsque vous jouez au-dessus du potentiel moyen de votre équipe. Une attitude négative vous empêche d’évaluer correctement quoi attendre du jeu et de votre équipe. Bref, vous vous trompez vous-même en tant que coach. Vous devez apprendre à donner le mérite qu’il revient à votre chance. Ce faisant, n’oubliez-pas de remercier vos dés car ils ont aussi besoin d’amour ! Je le fais constamment et je vous assure que ça augmente ma chance !

La genèse de nouvelles idées

Donc, en premier lieu, vous devez risquer en-dehors de votre zone de confort. Deuxièmement, vous devez améliorer votre relation avec vos dés. Et troisièmement, vous voulez générer de nouvelles idées. La plupart des coachs regardent une idée originale et la jugent soit « bonne » ou « mauvaise ». Mais en réalité, c’est beaucoup plus nuancé. En fait, il arrive même que certaines graines de mauvaises idées germent et deviennent des jeux vraiment brillants !

Une bonne façon d’envisager cette approche est de considérer les mauvaises idées comme des opportunités intéressantes. Je recommande souvent aux coachs légendaires en devenir d’utiliser leur temps de jeu face à des adversaires plus faibles pour s’entraîner à considérer de mauvaises idées. Leur mission est ensuite de transformer cette m*rde en or (ce qui est, en bref, l’essence même du jeu Stunty). Voici ce qui se passe à tout coup. Dès la première minute de leur tour écoulée, ces coachs entrent en mode « génial » et utilisent leur trois dernières minutes à exécuter un jeu brillant.

Si vous regardez les meilleurs coachs, les plus novateurs, vous savez quoi ? Ils peuvent tous parfaitement exécuter des jeux brillants lorsque les chances sont contre eux. Si d’autres coachs pouvaient entrer dans leur tête et scruter leurs pensées, la plupart diraient : « C’est fou ! Où est-ce qu’il trouve tout ça ? ». Il est vrai que le principal style de jeu pratiqué lors des compétitions de haut niveau est très conservateur. Mais quand ça tourne mal (comme c’est souvent le cas), un coach légendaire s’est entraîné à générer de nouvelles idées sur le champ pour improviser avec panache une victoire hors d’une défaite.

« La chance est quand la préparation rencontre l’opportunité. La malchance est quand un manque de préparation rencontre la réalité. »

Donc, oui, il est possible d’avoir l’impression d’être l’un des bâtards négligés d’Énéfel. Il est tout aussi possible que la chance soit un éclair ne frappant que votre adversaire. Mais les alizés soufflent continuellement et si vous êtes prêts à prendre des risques, si vous êtes prêts à pousser, à reconnaître votre chance et à aborder certaines mauvaises idées comme des opportunités intéressantes, vous allez bientôt, vous aussi, surfer sur les Alizés de la Chance.

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