Si jamais vous vous posez la question, oui, il est mieux de ne pas concéder un touché que d’en concéder un.
Mais au final, ça n’est pas si simple que ça car pour remporter un match, il vous faut compter davantage de points que votre adversaire… par tous les moyens possibles. Malheureusement pour votre orgueil, concéder un touché est parfois une tactique qui vaut la peine d’être tenté.
Mais qu’est-ce qu’on entend exactement par « concéder un touché » ? Est-ce qu’un coach dit à l’autre : « Monsieur l’anglais, comptez le premier » ? Pas exactement ! En fait, à moins que votre homologue d’en face soit un bleu se trémoussant de naïveté, il va falloir lui fournir de saprées bonnes raisons pour qu’il aille compter !
Bref, concéder un touché c’est le provoquer en appliquant de la pression à un point tel que votre adversaire risque l’échec s’il ne s’exécute pas sur le champ.
Les races agiles
Si vous jouez une race agile, vous allez rencontrer une tonne de situations où concéder un touché peut être envisagé. Si vous choisissez plutôt la voie de l’entêtement, non seulement vous n’obtiendrez peut-être pas le résultat escompté, mais en plus vous risquez de vous handicaper pour la seconde mi-temps avec un manque d’effectifs pour empêcher votre adversaire de faire la pluie et le beau temps tout en vous achevant aux sorties.
Traditionnellement, beaucoup du jeu défensif des races agiles est basé sur l’idée qu’il ne faut pas seulement déstabiliser l’offensive, mais aussi capitaliser sur cette instabilité pour voler le ballon. Il faut toutefois garder à l’esprit qu’en cas d’échec, avoir risqué vos arguments les plus convaincants pour retarder d’un seul tour l’attaque adverse est rarement un bon investissement. Par exemple, les chances sont grandes que vous aillez maintenant un joueur de qualité sorti du terrain, un tour de jeu en moins pour riposter avec un touché et des atouts exposés à un blitz ou à une agression. Beaucoup peut aller de travers lorsque vous essayez d’arrêter agressivement l’offensive adverse au mauvais moment du jeu.
Les races versatiles
Les races versatiles peuvent parfois tirer un bénéfice en laissant filer un point contre les races agiles, pour la seule raison qu’ils n’ont pas les ultra-grosses cuirasses des équipes de bûcherons pour résister à une guerre de tranchée prolongée. Même contre les races agiles, vainement s’entêter à retarder l’inévitable peut coûter quelques mauvais KOs qui manqueront ensuite cruellement à l’effort offensif. Si une catastrophe de ce type survient, vous venez probablement de perdre le match par la faute à votre Crâne Épais.
Les races de bûcherons
Les races de bûcherons ont une raison supplémentaire de vouloir forcer un adversaire plus agile à compter tôt. Premièrement, ils sont plus lents que les autres groupes de races et ont besoin de davantage de tours de jeu pour compter. Ensuite, grâce à leur accès aux compétences de force, ils bénéficient de trois blocages gratuits lors du coup d’envoi qui sont autant d’occasions d’utiliser la Griffe et la Châtaigne des grands jours afin d’éjecter des joueurs du match. Le plus tôt ces événements funestes surviennent, le plus de levier vous pouvez en tirer pour le restant du match. Obtenir un KO ou une sortie au tour 8 de la première mi-temps n’a pas le même impact sur le match qu’au troisième tour. En soi, ça n’est pas une raison suffisante pour provoquer un touché puisque c’est trop aléatoire pour être fiable, mais c’est tout de même un bonus à envisager.
Concéder le premier touché et remporter le match 2-1, aka le Grind
Ça peut sembler contre-intuitif à première vue puisqu’on se retrouve ainsi avec un retard de 0-1. Rapidement, pour ceux qui ne savent pas (et parce que c’est largement abordé ici), l’idée est de botter le ballon et de se faire compter rapidement pour ensuite profiter de 14 à 15 tours de possession du ballon et remporter le match 2-1. C’est une tactique couramment utilisée et l’importance de cette stratégie au Blood Bowl est à ne pas sous-estimer.
Comment provoquer un touché ?
À ce sujet, on entend souvent des conseils plutôt moyens. Notamment, attaquez-vous en masse aux joueurs en périphérie ! Ou bien, réalisez des agressions en série sur son joueur préféré ! Ces conseils peuvent fonctionner contre un coach techniquement (et émotionnellement) fragile, mais c’est à peu près tout. Premièrement, c’est un plan beaucoup trop aléatoire pour être fiable. Deuxièmement, les meilleurs coachs ont compris que leurs joueurs sont au service de l’équipe et qu’il est correct d’en sacrifier quelques-uns pour étirer le temps afin d’assurer la victoire. Ou, si vous voulez, contre les meilleurs, ça va leur couler comme de l’eau sur le dos d’un canard.
Plus réalistement, il n’est pas aussi facile qu’il en a l’air de provoquer un touché car, n’étant pas en possession du ballon, vous ne pouvez décider du moment où il franchira votre zone des buts. Aussi, lorsqu’un meilleur coach que soi débute l’engagement avec l’idée de compter au tour 8 de la mi-temps, il va y arriver la plupart du temps.
Formation de départ
Lorsqu’on envisage de concéder un touché, il vaut mieux disposer nos joueurs en un placement de départ réactif afin de diminuer les chances de se faire prendre à contre-pied. Cette réactivité permet ensuite d’appliquer un maximum de pression dans un secteur limité du terrain. À l’inverse, lorsqu’on prend le parti d’utiliser un déploiement couvrant un maximum de possibilités de jeu, chaque maillon de la couverture est plus fragile et l’équipe est plus lente à rétablir l’équilibre suite à une percée.
Quoi faire ensuite…
Votre adversaire a mordu à l’hameçon ! Bravo ! Il a même poussé son offensive avec énormément d’enthousiasme en éloignant trop son groupe de tête de ses joueurs de soutien (comme le font souvent les débutants). Voici l’occasion parfaite d’appliquer beaucoup de pression pour forcer une résolution avantageuse. Idéalement, cette pression va soit lui faire perdre le ballon à votre profit ou l’obliger à compter rapidement en vous laissant confortablement le temps de riposter. C’est une bonne manière de vous positionner favorablement pour la suite du match.
Pour provoquer un touché lorsque votre adversaire s’est compromis énergiquement dans votre zone défensive, vous devez travailler à le diviser en deux groupes afin d’empêcher les joueurs de soutien de prêter main forte au porteur de ballon. De cette manière, vous allez briser la cohésion de l’offensive et donc son contrôle sur le temps de jeu. Lorsqu’aucun coach n’a de contrôle sur le temps de jeu, les événements tendent à débouler rapidement. Après avoir divisé le déploiement adverse, il ne vous reste plus qu’à couper toute retraite au porteur de ballon pour l’obliger à se frayer un chemin jusqu’à votre zone des buts.
Est-ce que provoquer un touché est courant ?
Ça dépend beaucoup des niveaux de coaching en présence. Il est rare de voir les débutants s’y adonner puisque la tactique demande un certain contrôle du jeu. Les coachs expérimentés sont un peu plus « éveillés » à cette possibilité, mais possèdent rarement un positionnement assez solide pour empêcher cette tactique d’être utilisée contre eux. On va davantage voir les coachs vétérans s’y adonner contre les débutants et les expérimentés puisque c’est une excellente manière de prendre les commandes du match sans trop risquer la santé de son équipe. En revanche, les coachs champions ou légendaires, ne vont pas aisément se laisser leurrer dans une situation qui va les obliger à compter tôt, à moins que leur équipe soit fragilisée au point que ce soit maintenant au jamais.
Comme vous pouvez le constater, concéder un point n’est certainement pas optimal et il est mieux d’empêcher un touché si vous le pouvez. Mais il arrive que de s’entêter à retarder l’inévitable soit un mauvais échange et c’est pourquoi savoir quand et comment provoquer un touché fait partie des jeux à maîtriser. À vous maintenant d’ajouter cette tactique à votre arsenal !