Laisser filer « Sa » chance

Y a-t-il une question plus profonde que : « Qu’est-ce que tu veux vraiment ? » Quand arrive leur tour de jeu, j’entends souvent des coachs dire qu’ils ne savent pas quoi jouer. Alors, je leur pose la question suivante : « Qu’est-ce qui te ferait plaisir ? » Eh bien, sans surprise, la réponse qui revient le plus souvent est : « J’aimerais être chanceux ! »

Lorsque je questionne davantage ces coachs, une fois de temps en temps, l’un d’entre eux me donne une réponse de ce genre : « J’aimerais arriver à faire tomber plus de joueurs. » Lorsqu’un coach arrive enfin à ce qu’il veut vraiment, je lui réponds : « Arrange-toi pour y arriver et laisse filer « Ta » chance. Si c’est important pour toi d’être chanceux, tu vas perdre ton temps à essayer de l’être. Tu vas coacher ton équipe d’une manière qui ne te convient pas dans le but de gagner des matchs et tu continueras à te sentir misérable. C’est stupide. »

« Il vaut mieux avoir une carrière de coach courte et amusante que d’avoir une carrière longue et misérable. Après tout, la chance a peu d’importance si tu aimes coacher à ta manière et, qui sait, tu pourrais éventuellement devenir une légende du blood bowl. Ne faire qu’un avec ce que tu aimes est la seule manière de devenir vraiment compétent à quelque chose, et c’est ce qui va te faire gagner des matchs. Alors, ne t’en fais pas trop avec « Ta » chance. »

Tu ne peux pas apprendre de ta chance. Si tu as commis une erreur (et que le résultat fut bénéfique), tu devrais apprendre à ne pas le faire. Si tu as pris la bonne décision (et que le résultat fut négatif), tu devrais apprendre à le faire davantage.

The Sage, entraîneur réputé de blood bowl

Qu’est-ce que tu veux vraiment ?

Par conséquent, il est important de se demander ce qu’on veut vraiment en tant que coach. Eh bien, lorsqu’on répond naïvement à cette question, on réalise qu’on désire être en parfait contrôle de notre chance. Par exemple, compter des touchés sur demande ou blesser des joueurs à volonté. Nous voulons le pouvoir de réussir tous nos jets de dés. En bref, nous désirons l’omnipotence d’Énéfel.

Maintenant, demandez aux coachs ce qu’ils feraient avec cette omnipotence. Eh bien, leurs réponses mélangent toutes sortes d’intentions largement conflictuelles parce qu’ils n’y ont jamais vraiment bien réfléchi. Et là, je crois qu’il y a une superbe leçon à en tirer. Nous nous accrochons tellement à l’idée de contrôler notre chance, de pouvoir tout faire aller dans notre direction, que ça nous empêche d’optimiser notre jeu.

Être Énéfel, c’est moche

Si tu prends le temps d’y penser et de creuser le sujet avec toute la force de ton imagination, tu vas réaliser que tu ne veux pas vraiment être dans les bottes d’Énéfel.

C’est que si tu disputais uniquement des matchs aux résultats entièrement prévisibles, tu finirais par t’emmerder. Avec un contrôle aussi parfait sur ta chance, tu prendrais ton pied seulement en cas d’échec – exactement comme Énéfel… Et ça, c’est être tombé très bas. Le désir d’être surpris ressurgirait rapidement. Tu ne pourrais pas demander quelque chose de précis, car évidemment, ça ruinerait la surprise. C’est pourquoi tu souhaiterais probablement des résultats de dés imprévisibles, sachant que tu pourrais soit réussir ou échouer. Bref, tu réclamerais à nouveau du bon vieux blood bowl.

Laisser filer « Sa » chance

Retournons à notre question : « Qu’est-ce que tu veux vraiment ? » Et après y avoir réfléchi, peut-être que ta réponse est maintenant : « Je ne le sais plus. » Et honnêtement, je ne le sais pas plus.

Ce que je sais c’est que quand on est un coach débutant, on ne sait pas ce qu’on veut vraiment… et qu’on ne le sait pas plus quand on est un coach légendaire.

Quand on est un débutant, on ne le sait pas parce qu’on y a pas pensé. Ensuite, au fil des matchs, on est obligé d’y penser et on se dit « Fais chier ! J’aimerais ça être chanceux ! » Puis, quand on a accédé au statut de légende, on se dit : « Non ! C’est pas ça. Ben oui, la chance, ça fait chier ou ça fait sourire ! Mais vraiment, je ne sais plus ce que je veux et c’est pourquoi je ne demande plus rien. Je préfère laisser filer pour mieux me concentrer et optimiser mon jeu. »

Conclusion

Il faut une tonne d’humilité devant la grandeur d’Énéfel pour laisser filer « Sa » chance et accepter les surprises, peu importe qu’elles soient bonnes ou mauvaises. Mais, à partir du moment où l’on arrête de s’en faire, tout ce gaspillage cérébral est libéré et peut être fructueusement investi ailleurs. En d’autres mots, plus tu laisses filer « Ta » chance et plus elle te revient.

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