À mes débuts au blood bowl, je pensais que je n’avais qu’à porter attention pour ne pas attraper de mauvaises manies. Ça semblait plutôt simple. Pourtant, je suais à grosses gouttes dans mes t-shirts en plein milieu de l’hiver canadien. J’ai même été jusqu’à faire un petit somme avant chaque match important parce que c’était réellement exigeant. En fait, c’était épuisant.
Alors, pourquoi est-ce si difficile de porter attention ? Bien, des études démontrent que c’est lorsqu’on porte très fort attention à quelque chose comme un match de blood bowl que la plupart d’entre nous enclenchons le pilote automatique… et se perdons dans de mauvaises manies. Quel est ce phénomène ? Pourquoi tant de coachs ne peuvent éviter les mauvaises manies en portant attention ? Aussi étrange que ça puisse paraître, c’est parce que nous sommes tous accrocs aux récompenses.
La dépendance aux récompenses
Quand notre cerveau voit un joueur adverse à côté d’un des nôtres, il s’exclame : « Roulons des dés de blocage pour le plaquer et rouler son armure ! » On roule donc des dés de blocage, on le plaque, on roule son armure et on se sent bien. On se sent encore mieux quand on lui roule une blessure car notre cerveau nous chuchote : « Rappelle-toi comment tu as eu cette récompense ». On enregistre le tout et on répète ensuite le processus. Joueur en contact, jet de blocage, jet d’armure, blessure, joie de vivre.
C’est assez simple, n’est-ce pas ? Eh bien, après un moment, notre cerveau nous dit : « Tu sais quoi ? Tu l’as l’affaire. Ne t’occupe pas de moi. J’enclenche le pilote automatique pendant que tu continues de rouler des sorties et que tu nous fais sentir bien ». Nous perpétuons ainsi le processus, mais sans le rationnel.
Les mauvaises manies de coaching
Tôt dans notre carrière, nous étions une cible facile et tout le monde roulait une tonne de sorties contre nous. Notre expérience limitée du blood bowl nous laissait penser que, pour devenir compétitifs, nous devions aussi rouler une tonne de sorties. Ça n’est pas un accident si nous avons à peu près tous commencé notre carrière en pratiquant un style de jeu lourdement basé sur les contacts. Chaque blessure occasionnée, chaque récompense acquise, nous a conforté dans ce style de jeu qui s’est transformé en une mauvaise manie.
Sachant cela, ça n’est pas surprenant si plusieurs coachs vétérans jouent toujours outrageusement en contact avec l’adversaire. Cette mauvaise habitude est souvent l’une des raisons pour lesquelles ils continuent à enregistrer défaite par-dessus défaite.
Les habitudes sont puissantes mais délicates. Elles peuvent émerger inconsciemment ou être délibérément acquises. Elles se produisent souvent sans notre permission, mais peuvent être remodelées en modifiant leurs composantes. Elles façonnent nos vies bien plus que nous ne le réalisons – elles sont si fortes, en fait, qu’elles poussent notre cerveau à s’y accrocher à l’exclusion de tout le reste, y compris le gros bon sens
Charles Duhigg (2012). Le pouvoir des habitudes
Contre-attaquer en étant curieux
Si, au lieu d’inutilement se forcer à porter attention, on devenait extrêmement curieux de ce qui se passait sur le terrain en l’instant présent ? Je vais vous donner un exemple. En tant que tuteur de blood bowl, j’ai expérimenté si la curiosité pouvait aider des coach à abandonner un style de jeu lourdement porté sur les contacts. En fait, je leur ai même proposé de chercher les contacts partout où ils le pouvaient. Je leur ai dit : « Envoye, go, rentre-leur dans le lard, mais sois vraiment curieux et observe ce qui va arriver. »
Et qu’est-ce que mes étudiants ont remarqué ? Eh bien, l’un d’eux a noté que « C’est donc bien sauvage ! Mes joueurs broutent tout le temps du gazon ! » Maintenant, j’affirme avec certitude que ce coach est passé du savoir à la sagesse et que l’enchantement fut brisé. Il fut dégoûté de sa mauvaise manie en la comprenant au niveau viscéral. Il n’a plus eu besoin de porter attention car il est devenu intrinsèquement moins intéressé à jouer en contact.
Pourquoi la curiosité ?
La curiosité nous permet de voir clairement ce qui résulte de nos mauvaises manies. Ça n’est certainement pas aussi magique qu’un squig sauteur, mais, à mesure qu’on voit de plus en plus clairement, on laisse tomber nos mauvaises manies et on en adopte de meilleures.
Contrairement à « se forcer à porter attention », la curiosité récompense naturellement ! On se sent bien à être curieux. Et qu’arrive-t’il lorsqu’on est curieux ? On remarque que nos mauvaises manies se manifestent principalement lorsqu’on est sur le pilote automatique. En d’autres mots, quand on est curieux, on ferme notre pilote automatique et on revient immédiatement dans notre match.
Donc, même si la pratique d’un jeu de contact à outrance ne fait pas partie de vos mauvaises manies, vous pouvez tout de même retenir quelque chose de cette lecture. Peut-être que la prochaine fois que vous allez compulsivement empoigner votre dé pour un ultime mettre le paquet ou pour un blocage à un dé, soyez curieux de ce qui va arriver sur le terrain en l’instant présent. Voici votre chance de soit perpétuer une mauvaise manie… ou de la briser.